Le pardon de Madiba
Voilà, Nelson Mandela est parti mais il n’est pas mort. Politicien, combattant et homme d’Etat, il sera un homme qui marquera l’histoire et un symbole vers qui nous tourner pour trouver des solutions et résoudre des conflits humains avec sagesse sans meme garder la liste dans sa poche. Sans doute un exemple à analyser ou à suivre de façon universelle.
Par François CHARLES
Coach, conseil, formateur et auteur en stratégie et management et développement personnel
Meme s’il fut et sera vénéré comme Jésus, seul interlocuteur entre Dieu et les hommes, il n’était pas non plus mère Thérésa. Nelson Mandela était un homme politique qui savait aussi etre dur. Il était un vrai combattant sachant comprendre et respecter ses adversaires, analyser leurs forces et leurs faiblesses pour ensuite les exploiter. Et c’est sans doute aussi pour cela qu’il a su pardonner et inciter à le faire.
Après sa libération de 29 ans de détention, il avoua n’être pas si mal car il n’était pas seul, avait à manger, était avec ses amis. C’est peut-être aussi une cause de facilité de pardon. Il reconnu à Arcueil, lors de sa visite en France, que c’était sans doute plus dur pour Justine September qui était seule et fut ensuite assassinée.
Il ne travailla pas pour un destin personnel. Il fit son job de rassembleur et de remise à plat juridique puis partit cinq ans après, sans doute avec raison avant le réveil des réalités économiques. Le peuple se souviendra donc de la meilleure image.
Comme nous l’avons appris au cinéma, cette réconciliation passa aussi par la conservation du nom de l’équipe de rugby, symbole Afrikaner mais aussi par le nouveau drapeau national rassemblant les trois couleurs Afrikaner et les trois couleurs de l’ANC, devant aussi être facilement reproductible par les enfants… l’avenir.
Ce que l’on sait moins, c’est que cette réconciliation et cette reconstruction, qui est encore en chantier, est passée par des séances de révélation et de témoignages des actes de violence vécus ou commis. On imagine l’effort que cela fut pour certain et l’émotion qui a été engendrée.
Il avait mieux compris que quiconque la courbe du deuil et surtout sa phase de reconstruction. Il aurait apprécié les histoires de la planche à clous et de la petite barrette. Il connaissait la symbiose et la règle des 3P. Il avait compris aussi que le pardon libère l’âme et fait disparaitre la peur. Il avait sans doute aussi beaucoup appris sur les expériences passées et les luttes idéologiques, raciales et religieuses partout dans le monde et à toutes les époques comme par exemple la St Barthélémy, le génocide arménien, la persécussion des juifs, l’abolition de l’esclavage, la ségrégation raciale aux Etats-Unis, l’indépendance de l’Algérie, les rivalités entre sunnites et chiites minoritaires ou majoritaires dans certains pays, l’interdiction de sortie du territoire dans les pays de l’Est européen ou de Chine…
Et nous ? Quels sont nos pardons de Madiba dans notre vie quotidienne, professionnelle, politique où nous jugeons et combattons à tour de bras sans comprendre. Et comment allons nous nous y prendre avec quels objectifs à atteindre ?