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Publié par NOVIAL INSTITUTE SAS

Un jour, un surfeur découvrit une superbe plage avec des
vagues « à en manger sa planche ». Il revint un moment où les
conditions étaient optimales, se prépara, mit sa combinaison et
s’approcha du rivage.


Soudain, il vit un panneau mettant en garde contre la
présence de requins. Courageux mais pas téméraire, il rebroussa
vite chemin et alla chercher conseil auprès des habitants du
village voisin.

tiré des Fabliaux du Management par françois CHARLES

Un homme lui répondit :
— C’est vrai, il y a des accidents, mais une étude1 a démontré
qu’il n’y avait quasiment pas d’attaque entre douze et quatorze
heures. Tentez votre chance !
Réconforté de ne pas avoir fait le trajet pour simplement
contempler la plage, notre surfeur prit son mal en patience et
attendit midi. Pas totalement rassuré, il cria au requin qui voudrait bien l’entendre :
— Ô toi, beau poisson si féroce, est-il vrai que tu laisses le gentil surfeur en paix à la pause de midi ? pourrais-je évoluer en sécurité ?
Entendant ces mots, un vieux requin se rapprocha de la
plage et lui répondit :
— Pas de doute, si les villageois te l’ont dit !
Voici notre homme réconforté. Midi arrivant, il prit sa
planche et s’aventura dans l’eau. Les vagues étaient encore plus
belles que celles du matin. Il s’adonna à son sport favoripendant de belles minutes quand deux requins l’attaquèrent
soudainement, croquèrent (effectivement) sa planche, et luimême
en passant.

1 Si l’histoire est inventée, l’étude est vraie !

Enseignement


Vérifiez toujours ce que l’on vous dit. Sachez poser les bonnes
questions. Voir n’est pas comprendre, et il est facile de se
tromper de question ou de ne pas essayer d’en comprendre
mieux la réponse que l’on vous donne. N’est-ce pas uniquement
celle que vous attendiez ? L’erreur risque alors de vous
être fatale.


Revenons à notre histoire. Pourquoi le requin attaque-t-il
l’homme ? De nombreux chercheurs se sont penchés sur la
question. Le surfeur et sa planche ressemblent, semble-t-il, à
d’autres animaux marins. La côte hawaïenne est connue pour
la présence de ses surfeurs comme de ses requins, ces derniers
mettant en danger la vie des premiers. Après l’analyse de
multiples scénarios, un scientifique a conclu qu’un surfeur
muni d’une planche zébrée noir et blanc courait moins de
dangers. L’explication de cette apparence protectrice n’a pas
encore été découverte. Mais analysons les faits plus en amont.
Notre scientifique trouva une étude signifiant que d’après les
statistiques, il y avait moins d’attaques entre douze et quatorze
heures, et qu’il était donc plus prudent de se baigner dans ce
créneau horaire. L’auditeur avait fait un travail objectif. Une
approche plus globale aurait pu lui permettre de situer cette
conclusion dans son environnement. Une étude ultérieure a
heureusement montré qu’évidemment, la baisse du nombre
d’attaques était en réalité due au fait que les baigneurs
déjeunent à cette heure-ci et que l’attitude des requins n’a rien
à voir là dedans !


Ce constat édifiant peut très certainement être retrouvé dans
bon nombre de rapports et d’analyses où l’on s’aperçoit après
coup, soit que l’étude était trop parcellaire et non ramenée dans
un environnement global, soit que l’on s’était trompé de
question ou de cible.

J’ai trouvé une histoire identique à propos d’un tracé
d’autoroute : partant du constat statistique que le trafic existant
sur le tracé A était plus dense, il avait été décidé de construire
une autoroute sur ce même tracé. Avait-t-on pensé à d’autres
solutions ? L’autoroute apportant un flux d’origine plus
lointaine avec des objectifs certainement différents, ne fallaitil
pas peut-être étudier un tracé B jusqu’alors peu fréquenté,
car ne répondant pas forcément aux contraintes locales ? Seule
une vision globale peut remédier à ce type de problème.
Et vous, avez-vous le sentiment que les bonnes questions
sont posées dans l’entreprise ?


FABLES ET TABLEAUX CHOISIS
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